Cette série podcast de The Funambulist en français est dédiée aux histoires et aux luttes des quartiers populaires de France et des colonies d’outremers. Des Minguettes de Vénissieux à la Cité Pierre Lenquette de Nouméa, des Bosquets de Montfermeil aux Flamants de Marseille, du Firminy Vert au Chaudron de Saint-Denis La Réunion, notre objectif est de prendre une modeste part à la transmission intergénérationnelle de l’histoire des luttes des quartiers. Afin de se faire, nous avons décidé de partir du particulier (un seul quartier par épisode) pour arriver au général dans les similitudes que ces conversations ne manqueront pas de générer. Comme pour tous nos autres projets, notre espoir est de cultiver les formes de solidarité entre initiatives politiques prises à l’encontre des structures racistes et coloniales. Ecoutez les autres épisodes en suivant ce lien.
Pour ce huitième épisode, nous nous promenons dans le quartier de La Madeleine à Evreux. Ce quartier, petite ville dans la ville, c’est celui où a grandit l’amie Karima el Kharraze et où elle revient très régulièrement. A travers sa propre histoire, nous parlons donc du quartier, ses habitant.e.s, ses communautés, ses immeubles, ses transformations. Son histoire c’est, entre autres, sa scolarité au collège Pablo Neruda, désormais fermé, ses souvenirs du meurtre du jeune David, fils de réfugié.e.s chilien.ne.s et résident du quartier, tué par un vigile du supermarché du coin en 1994, et puis bien-sur sa pratique théâtrale qui l’a mené plus tard à la création de la compagnie A bout portant. Nous parlons aussi du soulèvement de l’automne 2005 contre lequel le préfet de l’Eure avait déclaré un couvre-feu sur l’ensemble du quartier alors que les hélicoptères de police le survolaient. Voici donc cette conversation avec, en fond, l’ambiance du quartier tandis que nous le traversons d’ouest en est en compagnie d’Hélène, Asmaa et Hiroko.
Autrice et metteuse en scène de théâtre, Karima El Kharraze s’intéresse autant au théâtre politique, aux langues invisibles, aux généalogies lesbiennes et féministes qu’à la poésie des quartiers périphériques où elle a grandi. Elle travaille depuis un moment entre la France et le Maroc où elle a tourné les spectacles Arable (texte publié aux Editions du Cygne), Madame Flyna et Le Cafard et L’Orchidée.
Elle développe actuellement avec la réalisatrice Hélène Harder CasaMantes, un projet transmedia entre Casablanca et Mantes la Jolie qui explore les liens entre histoire coloniale et banlieues françaises et adapte pour le théâtre le roman Le Cœur est un chasseur solitaire de l’américaine Carson McCullers.
Cette saison elle apprend entre autres la LSF à l’IVT et collabore avec d’autres artistes comme Christelle Harbonn, Sebastian Blasius, Eva Doumbia ou Malik Soarès et donne régulièrement des ateliers de théâtre et d’écriture dans différents contextes (écoles, prisons, associations, lieux d’art, théâtres…). Elle est par ailleurs une des membres fondatrices du collectif Décoloniser les Arts.
Quelques photos de notre marche dans La Madeleine (Photos par Hélène Harder, sauf contre-indication) ///