Depuis le 28 avril 2021 une grève générale a lieu en Colombie. Les manifestations sont réprimées par l’état et la police, causant plus de 40 morts, presque 400 personnes portées disparues, des dizaines de cas d’abus sexuels, de blessures et de mutilations en seulement un mois. Si cette violence d’état devient évidente au moment de ces manifestations par la large circulation des vidéos des violences policières sur la toile, elle n’est pas nouvelle. En effet, le pays n’est pas encore tout à fait sorti du dit “conflit armé”, guerre civile qui dure depuis les années 1960. Malgré la signature des accords de paix en 2016, l’opposition politique est encore persécutée: depuis cette signature, plus de 900 activistes et défenseurs des droits de l’homme (appelés les “leaders sociaux”) ont été assassinés. la violence d’aujourd’hui connaît de très nombreuses ramifications et antécédents. (paragraphe écrit par Laura Huertas Millan pour présenter cet épisode)
Née à Bogota, Laura Huertas Millan a passé la moitié de sa vie en France et l’autre en Colombie; elle vit et travaille entre les deux pays. Cinéaste, artiste et chercheuse, son travail filmique tourne autour des contre-histoires, des récits alternatifs qui questionnent et détournent les narrations coloniales. Intéressée par la puissance du cinéma comme état altéré, ses oeuvres les plus récentes traitent de psychotropes et des formes de savoir en lien avec la nature, réprimées depuis la conquête des Amériques. Ses films sont montrés dans des espaces d’art, des festivals de cinéma et des plateformes de streaming alternatives. Elle est aussi pédagogue et enseigne régulièrement dans des institutions académiques et alternatives. Elle fait partie du collectif de recherche Counter Encounters (avec Rachael Rakes et Onyeka Igwe) autour des formes d’anti- et d’alter- ethnographies.